lundi 12 décembre 2011

Pasquale Bruno, ne l'appelez plus l'animal !

Pasquale Bruno dit "l'animal" sous la maille du Torino
(c) forzaitalianfootball.com

Né en 1962 à San Donato di Lecce, dans le sud-est de l'Italie, Pasquale Bruno était en quelque sorte la version italienne de Vinnie Jones, d'autant qu'il avait joué à la même époque. Il était surnommé "O animale" pour sa violence primitive sur les terrains qui lui valut en 16 ans de carrière, plus de cent cartons jaunes, de nombreux rouges et plus de 50 journées de suspension.

Celui qui est encore considéré comme le défenseur le plus dur de l'histoire du championnat italien avait démarré sa carrière à Lecce en 79 puis avait joué pour Côme (83-87), la Juventus (87-90), le Torino (90-93), la Fiorentina (93-94), retour à Lecce (95) puis Heart of Midlothian (95-97) et un petit match à Wigan (saison 97-98) pour terminer sa carrière professionnelle.
Bruno a déclaré plus d'une fois que s'il était devenu riche et célèbre, c'était grâce à son agressivité et au personnage qu'il s'était construit. Sans cela, il a reconnu qu'il n'aurait jamais pu jouer au niveau qui fut le sien. Il a également confié qu'il n'avait eu aucun ami dans le foot, à l'exception d'Ian Rush.

Pasquale Bruno était un spécialiste du marquage individuel et il était chargé de neutraliser des grands buteurs tels que Vialli, van Basten, Casiraghi et surtout Roberto Baggio qu'il avait beaucoup martyrisé, en particulier lors des derbys entre le Torino et la Juve.
C'est au Torino qu'il s'est le mieux affirmé. Comme l'écrivait le journaliste Adalberto Bortolotti : "Au Torino, il trouve son environnement, il est le gladiateur longtemps attendu"
Bruno a fait partie de l'équipe du Torino qui fut finaliste de la coupe de l'UEFA en 1992, battue par l'Ajax mais après avoir sorti le Real Madrid en demi-finale (défaite 1-2 à Turin et victoire 2-0 au retour à Bernabéu grâce à une excellente partie de Bruno qui neutralisait parfaitement Butragueño).

Pas besoin de "Beretta" pour Bruno qui était armé de toute sa férocité

Le quotidien des Pouilles (Il quotidiano di Puglia) a interviewé Pasquale Bruno, 49 ans, en début de mois dernier, titrant ainsi : "Jeu dur, fautes et ruse : c'est ainsi que j'arrêtais les champions"

Morceaux choisis :
"J'étais un garçon du pays comme il y en avait beaucoup : école, catéchisme, ballon et beaucoup d'espaces verts où courir et jouer. J'ai eu une adolescence fantastique, je ne sais combien je paierais pour retourner à cette époque. Le football était notre pain quotidien, à San Donato. Nous jouions tout le temps, n'importe où et par n'importe quelles conditions : dans la rue, pieds nus, avec une balle en caoutchouc. Pas de chaussures Nike, pas de gazon artificiel, pas de maillots ou de ballons de cuir. Quand bien même, nous nous amusions beaucoup.
Mon père, le légendaire "mesciu Pinu", maintenant âgé de 78 ans, avait beaucoup donné pour le football. Il était tailleur et il s'occupait bien de sa famille mais sa passion était de faire l'entraîneur : il avait coaché l'équipe de San Donato di Lecce puis le club de Grassi à Lecce. (...) Je me suis entraîné avec mon père, il y avait même deux futurs champions comme Progna et Serra, puis à 14 ans, je passais à Lecce, dans l'équipe des jeunes, sous la direction d'Attilio Adamo. (...) Ce n'était pas un plaisir de travailler avec lui pour un adolescent, il était très exigeant".

Sa devise : "C'est quand le jeu devient dur que les durs se mettent à jouer"
(c) gazzetta.it

A propos de son surnom "O animale" et de la dureté de son jeu :
"C'est quelque chose qui m'a fait et me fait encore enrager, parce que, et peu le savent, tout est né d'une référence à un mafieux de la Camorra, Pasquale Barra qui était surnommé 'O animale' pour sa férocité. Tout ceci à cause de Roberto Tricella, un coéquipier du Torino qui avait fait un jeu de mots avec mon nom et ainsi, il se tourna vers moi en disant 'Pasquale Barra O animale'. Certains journalistes l'ont entendu et cela m'a suivi. Mais cette étiquette ne m'est jamais allée, parce qu'elle ne reflétait pas mon caractère, certes déterminé mais honnête, juste et solidaire (...) Comme défenseur, je devais recourir à tous les trucs du métier, à la ruse, à l'intelligence, pour énerver et faire perdre la tête aux plus grands buteurs. De gré ou de force, je devais arrêter le champion et j'y réussissais. En 15 confrontations directes avec van Basten, il n'a jamais marqué. (...) Il était impossible d'arrêter le cygne hollandais ou Maradona sans commettre des fautes. C'est une vérité qui ne peut être ignorée".

L'entrevue complète dans la langue de Dante sur le site du quotidien des Pouilles :
http://www.quotidianodipuglia.it/articolo.php?id=169028&sez=INTERVISTE
© quotidianodipuglia.it / Adelmo GAETANI

Pasquale Bruno, commentateur pour la chaîne cryptée Dahlia TV
(c) zimbio.com

Sources :
http://www.quotidianodipuglia.it/articolo.php?id=169028&sez=INTERVISTE
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pasquale_Bruno
http://it.wikipedia.org/wiki/Pasquale_Bruno

5 commentaires:

  1. Le doux agneau Pasquale..

    (je m'excuse auprès de tous les lecteurs du blog, mais je n'ai pas pu m'empêcher..)

    PROFESSEUR DEPUIPEU

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  2. Je tiens tout d'abord à te féliciter Vinnie James pour ton blog.

    Je ne connaissais pas ce joueur italien, ma culture du football transalpin laissant à désirer. Citons aussi dans la ménagerie "O Animal", Edmundo.

    Ce Bruno me rappelle beaucoup de joueurs anglais dont le terrible Terry Hurlock, dans les années 80, le seul à ma connaissance qui fut un temps affublé de ce surnom "The Animal".

    Neil Ruddock, un dur du foot anglais, en réponse à la question "Quel est votre animal préféré ?" dit "Terry Hurlock".

    Je te prie de croire que les Millwall-Wimbledon de la fin des années 80 avec Hurlock et Vinnie Jones furent quelque chose !

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  3. @ Professeur Depuipeu
    Voilà un fin jeu de mots bien dans votre style, cher professeur. J'en profite pour apprendre ou rappeler à nos amis internautes qu'ils peuvent vous retrouver en direct le samedi à 14h sur la web radio wfm, avec vos partenaires experts en kitschologie musicale :
    http://www.radio-wfm.com/
    En rediffusion le dimanche de 13h à 14h sur cette même webradio.
    Toutes les infos sur le blog :
    http://kitsch.net.free.fr/blog/

    @ Kevin Quigagne
    Merci des encouragements. Je tenais à cet article car cela fait une quinzaine d'années environ que je m'intéresse à Pasquale Bruno. Quand j'étais à la fac d'italien, je discutais de foot avec un franco-italien, supporter de la Juve, je lui avais parlé que je supportais Wimbledon et en particulier Vinnie Jones et il m'avait donné quelques articles très croustillants sur Bruno que je ne connaissais absolument pas. Il faudra que je fasse mes placards pour les retrouver et poster quelques extraits. Cela parlait notamment du fait qu'il avait longtemps bien "pourri" del Piero ! Je n'ai malheureusement pas connu Terry Horlock, et c'est vrai qu'en Angleterre, à cette époque, Vinnie Jones trouvait parfois à qui parler. Je me souviens d'une fois où Vinnie jouait pour Sheffield United (coaché par Bassett) et en championnat lors d'un match Wimbledon-Sheff Utd, il avait retrouvé ses anciens partenaires qui l'avaient bien cassé pendant le match ! Quant à Neil Ruddock, je ne m'étonne pas de la réponse d'Hurlock. J'ai davantage connu Ruddock alias "Razor" et il faudra un joueur que je lui rende hommage. Ce type était non seulement dur sur la pelouse mais également très fort dans l'exercice de la longue balle, capable de balancer des longs ballons millimétrés sur ses attaquants.
    Ah, la belle époque ... Je me console un peu avec ce que produit une équipe comme Stoke City mais cela n'a évidemment rien à voir avec les années 80/90. J'aimerais tant revenir en arrière !

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  4. Y'en avait d'autres à l'époque (années 80) des durs qui n'avaient pas peur de Vinnie, dont un ou complétement givrés. J'ai un dossier de prévu là-dessus courant 2012.
    Le Sheffield United de Bassett version 1990-1991 est mythique en Angleterre (je supporte Wednesday et ai vécu 7 ans sur Sheffield), j'en parlerai un jour.

    Neil "I love Cantona" Ruddock est aujourd'hui très actif dans le circuit "after-speech dinners", il prendrait environ 10 000 £ / soirée pour raconter ses exploits entre la poire et le Cheddar. Un dur, c'est sûr, paraît-il imbattable... au bras de fer.

    Un ancien de ces durs a failli reprendre du service en tant qu'entraîneur y'a 2 semaines : Julian Dicks. Récemment candidat au poste de manager a Dorchester (D6), il n'a pas été retenu mais il compte se lancer dans le manageuriat. Ça devrait déménager.

    Un autre "hard man" vient aussi de recommencer à sévir : Duncan Ferguson. Big Dunc fait de l'entraînement spécifique avant-centre à Everton depuis 2 semaines. Il en avait marre de ses pigeons (sa passion) chez lui à Majorque, il se faisait chier et est de retour chez les Toffees.

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  5. Merci pour toutes tes infos. Je ne savais pas que Ruddock faisait désormais "des ménages", comme on dit !!

    A propos de Sheff Utd saison 90-91, j'avais un jour trouvé la K7 de la saison bradée pour £1 dans un magasin de Portsmouth et il se trouve que c'est la meilleure vidéo que j'aie vue de tous les temps. L'ennui, c'est que je n'arrive toujours pas à la convertir en divx ! (à cause de ce système de macrovision)

    J'avais consacré un sujet sur cette épopée incroyable :
    http://whatafairfoot.blogspot.com/2011/02/sheffield-utd-1990-91-histoire-dune.html

    Il y avait tout eu cette saison-là. Une remontée au classement hallucinante, des matchs de dingues avec des doubles poteaux, etc.. et Vinnie Jones qui avait fait tout et n'importe quoi (son carton jaune après 8 secondes de jeu, il se jette dans les buts pour détourner la balle, etc..)

    Ah, Dicks, j'ai bien connu. Les mines qu'il envoyait en guise de coup franc. Quel bourrin, je l'adorais. Ferguson, pas mal aussi dans son genre !!

    Ainsi tu as vécu 7 ans à Sheffield. Formidable. C'est comme Leeds. C'est dans le Yorkshire qu'est l'âme du foot anglais, à mon sens.
    Je n'en reviens toujours pas du monde qu'il y avait à Bramall Lane lors de la 17ème journée de la saison 1990-91 pour assister à la première victoire d'une équipe qui en était à 4 nuls et 12 défaites. En fin de match, l'envahissement total du terrain comme s'ils avaient gagné la coupe du monde alors qu'ils continuaient de pointer derniers à 8 points du premier non relégable. Nulle part ailleurs, on verrait un pareil truc.

    Sheff Wed, je connais moins. Je ne les aimais pas trop ces dernières saisons, il y avait beaucoup de joueurs de gabarit moyen avec un jeu à passes courtes mais depuis que Gary Megson a repris l'équipe, on revoit beaucoup plus de jeu aérien et ça joue plus costaud. C'est que je suis de près les émissions "Football League Show" et je m'intéresse à toutes les équipes. Je mate aussi pas mal de vidéos des matchs de Conference et en-dessous sur Youtube. On découvre des équipes bien rugueuses. J'ai depuis deux-trois saisons un faible pour Hampton & Richmond, et cette saison, j'aime bien aussi ce que fait Vauxhall Motors FC. Je préfère m'éclater avec ces matchs-là que d'aller voir Arsenal contre Swansea avec 40 000 passes courtes dans le match.

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