vendredi 20 mai 2011

Wimbledon-Luton : la finale pour la résurrection

Le City of Manchester Stadium
(wikipedia)

Demain à 16h (CET) va se dérouler la finale des play-offs de Conference entre les deux clubs londoniens de Wimbledon et de Luton. L'enjeu : une place pour quitter la Non League et retourner jouer en Football League (4 premières divisions du championnat anglais).
La saison dernière, la finale de play-offs de Conference entre Oxford et York s'était disputée à Wembley et elle avait réuni plus de 42 000 fans et spectateurs. Pas mal pour une finale de play-offs de 5ème division ! Vous imaginez une affluence pareille entre clubs de tête de CFA 2, comme par exemple, Vesoul et Saumur, au stade de France ?
Cette saison, la finale va se dérouler au City of Manchester Stadium, le nouveau stade où évolue Manchester City depuis 2003 après que Maine Road ait été détruit. Quel dommage que la finale ne se déroule pas à Wembley comme les années précédentes. Pour une fois que ce sont deux clubs londoniens qui la disputent, on envoie tout le monde se cailler à Manchester ! Drôle de décision, d'autant que cette affiche semblait prévisible, Crawley ayant survolé le championnat de Conference avec son équipe de faux amateurs et obtenu la seule place de promotion directe, les formations de Wimbledon et Luton semblaient les mieux armées pour se retrouver en finale de play-offs.


 VS

Wimbledon contre Luton. C'était un derby londonien en première division anglaise dans les années 80. Demain, ce sera donc une finale de play-offs de Conference. Les temps changent et on est bien loin de l'année 1988 où Wimbledon remportait la Cup contre Liverpool pendant que Luton s'adjugeait la coupe de la ligue la même saison contre Arsenal et que les deux clubs étaient installés en Premier League.

Wimbledon remportant la Cup en 1988, contre Liverpool (1-0). Dave Beasant devenait le premier gardien à stopper un pénalty pendant une finale de Cup
(c) independent.co.uk

La descente aux enfers de Luton a démarré en 1992 avec sa relégation en deuxième division après une décennie dans la division majeure mais c'est au terme de la saison 2006/2007 que les vrais ennuis commençaient et ils étaient d'ordre financier. En trois ans, le club allait dégringoler de la D2 à la D5.
Lors de la saison 2008-2009, Luton débutait le championnat avec une pénalité de 30 points au classement en raison d'irrégularités financières et de paiements illégaux d'agents de joueurs et finissait dernier de quatrième division (League Two) pour quitter la Football League pour la première fois de son histoire.

(c) lutontown.co.uk

Luton se situe dans la banlieue nord-ouest de Londres et c'est une ville de plus de 200 000 habitants connue pour son aéroport "Luton-London". Leur surnom de « hatters » (chapeliers) provient de l'industrie chapelière très implantée à Luton et symbole de la ville depuis le XVIIe siècle.

(c) homesandproperty.co.uk

Wimbledon est une banlieue aisée du sud-ouest de Londres, célèbre pour abriter le fameux tournoi de tennis du même nom. Le club de foot s'était hissé en Premier League en 1986, en grimpant de 3 divisions en 4 ans, ce qui lui avait valu pendant un temps, le surnom des "météores". Le coach était Dave Bassett encore surnommé Dave "long ball" Bassett parce que le jeu pratiqué était la longue balle, avec des joueurs forts dans les airs, un fighting spirit rarement égalé, et une équipe pratiquant un jeu très dur et excentrique lui valant le surnom de "crazy gang". Le joueur le plus charismatique ayant été le célèbre Vinnie Jones.


Le club se maintenait pendant 14 ans en division majeure, avec le plus petit budget de Premier League et en 2000, il était relégué en deuxième division mais les vrais ennuis arrivaient l'année suivante quand il fut décidé de relocaliser le club à Milton Keynes.
Le prétexte était que les affluences étaient basses et que Wimbledon FC ne pouvait pas éternellement jouer à Selhurst Park, le stade du club de Crystal Palace et avait besoin de s'émanciper enfin.
En fait d'émancipation, c'était un transfert complet et lointain dans la ville nouvelle de Milton Keynes, à 90 km au nord ouest de l'emplacement originel, sur le principe de la franchise, comme aux USA avec les clubs de basket ou de NFL, pour une basse question de business et sans se préoccuper des supporters sud londoniens orphelins de club.
C'est comme si en France, on relocalisait le club de Créteil à Cergy sous prétexte que ce serait plus rentable et que Cergy n'ait pas de club.
Les supporters de la banlieue de Wimbledon avaient alors décidé de fonder un nouveau club, l'AFC Wimbledon en 2002 en repartant du néant, et huit ans plus tard, le club a gravi pas mal de divisions pour jouer actuellement en Conference.
Pendant ce temps, le Wimbledon FC allait être renommé en Milton Keynes Dons et le club s'est stabilisé en troisième division du foot anglais.


Wimbledon évolue maintenant à Kingsmeadow, son nouveau stade qu'il partage avec les Kingstonians, une petite équipe locale. Les deux clubs au passé glorieux croiseront donc à nouveau le fer, demain, au City of Manchester Stadium.
Que de souvenirs nous reviennent en mémoire. Je parle bien sûr d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Wimbledon ne joue plus en kick and rush comme à l'époque du "crazy gang", et s'appuie désormais sur de jeunes techniciens, et l'équipe a été pas mal renouvelée cette année par rapport à celle de la saison dernière.

Terry Brown
(c) skysports.com

On est loin de l'équipe de déjantés des années 80-90 avec pour chef de bande, le célébrissime Vinnie Jones. L'AFC Wimbledon est réputée fair-play, un comble.
Il faut cependant reconnaître le travail fantastique réalisé par l'équipe dirigeante et par l'entraîneur Terry Brown qui ont bâti un projet et une équipe solides, redonnant bon espoir à ce quartier du sud-ouest de Londres de retrouver prochainement la place qui était la sienne.

"Ils sont repartis d'absolument rien" raconte Brown "Pas de stade, pas de terrain d'entraînement, pas d'argent. Revivant grâce à environ 3500 fans fidèles. C'est tout simplement incroyable"
Pour Erik Samuelson, le président, la victoire des Dons ne fait aucun doute : "Je pense que nous allons gagner (...) Notre équipe est jeune, dynamique, elle aime jouer au football"

9 ans après sa création et après avoir gravi les divisions amateures, Wimbledon pourrait retrouver l'élite, tel le phénix renaissant de ses cendres, à moins que ce ne soit Luton qui quitte l'enfer et l'anonymat de la Non League pour retrouver la Football League.
Demain, il y aura un club londonien en pleine résurrection, et un autre club londonien bien malheureux.
Le tout est de trouver un pub qui retransmette l'évènement - en grande partie éclipsé par la finale de coupe d'Ecosse entre le Celtic et Motherwell, à la même heure.
Setanta Ireland diffusant la finale, ainsi que Premier Sports UK, je suppose qu'un certain nombre de pubs irlandais - équipés de plusieurs téléviseurs - la proposeront.
Les fans vibreront de nouveau pour ces deux clubs londoniens appartenant au passé, autour d'une bonne Guinness. J'ai hâte, voilà qui va me rajeunir.
Et puis si, cette semaine, la Reine Mère en visite historique en Irlande n'avait pas cédé au bonheur de déguster une bonne bière irlandaise, ce ne sera pas mon cas demain, et si mes Dons l'emportent, je ne me contenterai certainement pas d'une pinte ... Mais ça va, je ne conduis pas.

Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Luton_Town_F.C.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Luton_Town
http://en.wikipedia.org/wiki/Wimbledon_F.C.
http://en.wikipedia.org/wiki/AFC_Wimbledon
http://news.bbc.co.uk/sport2/hi/football/eng_conf/9354433.stm http://news.bbc.co.uk/sport2/hi/football/eng_conf/8673190.stm
http://www.guardian.co.uk/football/blog/2011/may/19/luton-town-afc-wimbledon-play-off-final

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