vendredi 12 novembre 2010

Silence in a Noisy world

Généralement, les médias montrent des banlieues soit des types assistés, soit vindicatifs, violents, et portent au pinacle ou présentent en modèle, des gens pas toujours recommandables.
La réussite exemplaire de l'Olympique Noisy-le-Sec depuis une vingtaine d'années, avec un budget dérisoire, aurait mérité des reportages, des articles nombreux.
Rien de tout ça.
Ce blog leur rend hommage.

Petit historique.
Le club est créé en 1937, mais ne démarre son ascension sportive qu'en 1980 grâce aux frères Sandjak.
Jamel Sandjak fait partie du club depuis 1980. Nasser et Rachid le rejoignent en 1983. Sans oublier Lounis et surtout Lyazid formé au club et qui fera une belle carrière pro, notamment à Nice.
Le club réalise quatre promotions consécutives de 1981 à 1984, quittant ainsi l'échelon départemental. Au niveau régional, l'Olympique connait trois promotions en cinq saisons.
En 1989, le club est promu en Division 4, puis, trois ans plus tard, en Division 3 (qui devient en 1993 le championnat National), où il se maintient jusqu'en 2002.

Le match Noisy-le-Sec - Red Star en 2000, ici les capitaines Ferhaoui et Tran

Milieu des années 90, justement. Je me souviens d'un match de National auquel j'avais assisté à St Leu la Forêt. C'était peu avant que l'équipe de St Leu ne fusionne avec l'US St Denis avec pour objectif de devenir un « grand club banlieusard à vocation européenne » et en fin de compte, minés par les problèmes financiers, ils tomberont rapidement en DH où ils sont encore aujourd'hui.
L'équipe de St Leu Val d'Oise 95 recevait donc l'Olympique Noisy-le-Sec. 
C'est Noisy qui engage, et boum, longue balle à l'avant d'entrée de jeu, et puis ça continuait de balancer, de jouer aérien dans la surface. Il y avait des joueurs très athlétiques dans cette équipe. Je me pinçais, j'étais bien en banlieue de Paris et pas en banlieue de Londres. Puis le jeu est revenu à plus de passes courtes et au milieu de ces colosses, un joueur de poche faisait la loi : Paul Tran.

Né le 10 Août 1971 à Da Nang, Vietnam, Paul Tran mesure 1m 68 pour 62 kilos. Il passe une dizaine d'années, l'essentiel de sa carrière comme milieu de terrain à l'Olympique Noisy-le-Sec. Interrogé par le Parisien en 2004, il évoquait un de ses grands moments, quand Noisy avait sorti Strasbourg par 2-1 après prolongation lors du 8ème tour de la coupe de France (saison 1991-1992) : « On évoluait en D4, alors que les Strasbourgeois jouaient la montée en D1. En face, il y avait Leboeuf et Keller. On est entré sur le terrain en se disant qu'ils étaient des hommes comme nous et qu'ils devraient nous marcher dessus pour nous battre. On s'est dépensé comme des fous. On a vraiment su ce que mouiller le maillot voulait dire »

Contre St Leu, il m'avait impressionné. Il ratissait tous les ballons, tout en organisant le jeu, telle une tour de contrôle.
Je ne comprends toujours pas qu'un pareil joueur n'ait pas été remarqué par un club pro !
Cependant, le choix de rester à Noisy, club au statut amateur, plutôt que de quitter l'aventure pour tenter une hypothétique carrière en pro, a pu être une volonté de sa part.

Ce fut en tout cas le choix de Nasser Sandjak, ancien joueur et actuel entraîneur de l'Olympique qui s'en expliquait au site gestiondunet.com :
« On a été 10 ou 11 fois champions pour arriver en D3. Quand on a réussi ce genre de choses, je ne regrette pas de ne pas avoir évolué en Pro car j’étais sollicité par des clubs de Ligue 2. Après on a arrêté notre carrière de joueurs à 32 ou 33 ans et j'ai poursuivi ma carrière d’educateur que j’ai débutée à 21 ans avec les jeunes. »

Le coach au téléphone

Depuis la relégation en 2002, les noiséens font l'ascenseur CFA / CFA2 (au passage, un titre de champion de France de CFA2 saison 2007-2008) avec des exploits en coupe de France, dont un 32ème de finale contre Auxerre en 2006, ne s'inclinant que dans les dernières minutes.

L'Olympique voit maintenant arriver la concurrence de clubs émergents de banlieue parisienne : Villemomble, Drancy, Mantes ... sans oublier les rivaux plus anciens comme Aubervilliers ou le Red Star. Actuellement derniers après 10 matchs, il semblerait qu'ils se dirigent  droit vers le CFA2 mais ce sera pour mieux remonter la saison suivante, si par malheur ça arrivait. Noisy a su s'inscrire dans la continuité, c'est là l'essentiel.


Sources :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire